220 T,’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE thèse : «Travailler sans relâche à perfectionner de plus en plus notre armée et notre organisation militaire nationales, sera encore pour nous la suprême sagesse politique. L’accroissement de notre force morale, de cette puissance qui décide de tout à la guerre, doit marcher de front avec nos progrès matériels ; nous disons accroissement et non maintien, car « les forces morales ne restent jamais à un même niveau ; elles décroissent dès qu’elles cessent de croître » . « Il est donc nécessaire, avant tout, de nous convaincre nous-mêmes et de convaincre la génération dont nous avons à faire l’éducation que le moment du repos n’est pas venu, que la prédiction dune lutte suprême, ayant pour enjeu l'existence et la grandeur de /’ Allemagne, n est nullement une vaine chimère issue de l’ambition de quelques fous ambitieux, que cette lutte suprême éclatera un jour, inévitable, terrible et grave comme toute lutte de nations, appelée à servir de prélude à de grandes révolutions politiques. Ce sentiment doit nous amener à tout faire, par l’exemple, par la parole, par la plume, pour affermir dans nos cœurs et dans ceux de nos enfants notre inébranlable fidélité à l’Empereur, notre amour passionné de la patrie, notre esprit de sacrifice et d’abnégation. Dans ces conditions, la victoire finale, dans la lutte future, ne manquera pas d’appartenir encore à l’armée allemande, qui doit être et demeurer la nation allemande armée (1). » Les paroles ou les actes des députés de 1 'Alldeutscher Verband au Reichstag, de Mgr Kopp, de Mommsen, du colonel de Bernhardi, du général von der Goltz, ne procèdent-ils pas d’une même volonté : préparer l’extension, sous une forme quelconque, des frontières de l’empire en Europe même? Il semble bien que la réponse ne puisse être négative. Cette revue des principaux moyens de l’action panger- (1) Baron Colmar von der Goltz, la Nation armée, p. 530. Traduit par H. Monet, capitaine d’infanterie. Westhausser, Paris, 1891.