.178 L’EUROPE ET LA QUESTION »’.AUTRICHE qui s’observe dans la tension des rapports entre Polonais et Russes à Varsovie. Avec les Ruthènes, les difficultés seraient encore plus considérables. Catholiques, mais de rite grec uni, c’est-à-dire observant en fait à peu près les mêmes formes religieuses que les orthodoxes (y compris le mariage des prêtres), tout en reconnaissant le pouvoir de Rome, les Ruthènes se trouveraient avoir dans l’empire une situation religieuse que les Russes ne consentent pas toujours à reconnaître et qui détermine, dans le plus grand nombre de cas, d’inextricables complications. Enfin, si les Ruthènes sont ethnographiquement identiques aux Petits-Russiens de la région de Kiev, ils ne désirent nullement être absorbés par les Russes. Quoi qu’en dise M. Markoff, dans son Galitchanine, les Ruthènes ne sont plus « moscanophiles », comme l’ont été jadis les générations en train de disparaître. Tous les groupes politiques ruthènes, qui croissent et ont de l’avenir, sont, en général, anti-russes, fortement imbus de socialisme et désireux surtout d’accroître leur indépendance nationale. Si l’on suppose les 3,250,000 Ruthènes de Galicie brusquement introduits dans la masse des Petits-Russiens de la région de Kiev, on comprend que le gouvernement du Tsar ne ferait que semer, dans un terrain favorable, un germe de particularisme déjà en plein développement. Ces diverses raisons permettent de conclure qu’au point de vue de leurs intérêts stricts, les Russes commettraient une lourde faute en annexant la Galicie, ce qui explique d’ailleurs encore plus complètement l’insistance que mettent les Allemands à leur offrir la partie autrichienne de la Pologne. Mais, si l’on suppose que le gouvernement de Pétersbourg passe outre sur les considérations qui précèdent et accepte de discuter sur la base de la cession de la Galicie, cette cession constituerait-elle une compensation suffisante à