AU SEUIL DU XXe SIÈCLE parer le commerce de l’Asie Mineure, l’Autriche devait prendre ses précautions contre cette cause nouvelle d’affaiblissement de son commerce. D’une façon générale donc, l’Allemagne a chassé l’Autriche de débouchés qui, jusqu’ici, contribuaient à absorber sa production d’objets fabriqués. Nul fait ne peut mieux établir que les intérêts industriels allemands et autrichiens sont en complète opposition. L’offensive économique des Allemands exige la défensive des Autrichiens, ce qui implique pour ces derniers l’obligation de conserver et même de créer tous les obstacles de nature à entraver la concurrence de l’empire allemand (1). Or, précisément, la barrière douanière qui sépare l’Autriche de l’Allemagne, en raison des différences de tarifs et des formalités de douane qu’elle justifie, est l’un des freins les plus efficaces qui se puissent concevoir. Cette constatation suffirait presque à démontrer que le maintien de la ligue douanière s’impose pour la protection des intérêts autrichiens, mais le point est assez délicat pour mériter d’être exposé avec plus de détail. L’idée de supprimer toute barrière économique entre l’Allemagne et l’Autriche est née, il y a plus d’un demi-siècle, d’un état de choses très différent de celui qui la fait revivre aujourd’hui. Le 26 octobre 1849, Bruck, ministre du commerce à Vienne, fit publier dans la Wiener Zeitung un projet d’union douanière austro-allemande. Ce projet fut assez (1) C’est ce que demande formellement l’Union générale (Centralverband) des industriels autrichiens dans le programme électoral qu elle vient de publier à Vienne, le 15 octobre 1900. « ... handelt es sich darum, Lebensfragen der Industrie Oesterreichs zu lösen, ihr die Erhaltung des heimischen Marktes zu sichern, ausreichenden Schutz vor der auswärtigen Concurrenz zu cliaffen und gleichzeitig mitzuwirken, dass sie auf dem Weltmärkte, gestützt durch eine methodische und ausgiebige Förderung ihrer Exportinteressen, in einer ihrer technischen Vervollkommung und Leistungsfähigkeit entsprechenden Weise erscheinen' könne. »