134 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE dernière ville, pour bien marquer, par une ironie qu’on crut piquante et qui n’est que lourde, l’entier oubli de Sadowa, on a choisi comme Bismarckstrasse la rue où se trouve le commandement de la brigade impériale et royale — K. und K. Brigade-Kommando. — Les réunions les plus antiautrichiennes se tiennent ouvertement. Le 16 mai 1900, MM. Wolf et Schönerer parlent à Aussig. La salle est décorée aux couleurs de l’empire allemand, un buste de Bismarck préside et deux mille personnes, dont un grand nombre de sujets de Guillaume II, qui ont tout exprès passé la frontière, assistent à l’assemblée. Les Pangermanistes autrichiens mettent un empressement identique à répondre aux démonstrations des Allemands de l’empire. Un de leurs chefs, le D' Bareuther, adresse à l’assemblée générale de l’Union pangermanique, tenue à Mayence le même mois, une dépêche ainsi conçue : « Salut et prospérité au plus actif Verein de la Pangermanie. De toute mon âme, je salue ses efforts pour consolider notre solidarité nationale par une union économique (1). » Plus récemment encore, le jour du soixante-dixième anniversaire de François-Joseph, le drapeau révolutionnaire pangermaniste, noir, rouge et jaune, a été arboré dans beaucoup d’endroits du nord de la Bohême (2). Il est donc indéniable que de plus en plus l’épithète de Deutschnational, dont se paraient les Panger-manistes au début de leur campagne quand ils n’osaient point encore proclamer leur but véritable, s’identifie avec celle de Preussischnational. La contre-partie inévitable du développement des sympathies pour les Hohenzollern a été la diminution des sentiments loyalistes envers les Habsbourg. Dès le commencement de leur action publique, les meneurs prussophiles (1) «Heil und Wachstum dem rührigsten Verband Alldeutschlands ! Aus ganzer Seele befjrüsse ich sein Bestreben, unsere Volksgemeinschaft durch wirtschaftliche Vereinigung zu festigen. » (2) A Bielitz, par exemple.