6 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AU TRICHE dire : « Si le plafond de cette pièce s’écroulait, la nation tchèque aurait cessé de vivre. » Pleins d’une ardeur qu’explique seule une foi profonde, ces trois hommes entreprennent cependant une tâche qui semble insensée : refaire la' nation tchèque. A peine ont-ils élevé la voix dans le pays bohème que le peuple, endormi depuis des siècles, répond à leur appel, rapprend la langue oubliée et, au prix d’une lutte incessante contre les Allemands, reconstitue son unité morale. La création d’un musée tchèque en 1818, une agitation d’étudiants en 1820, sont les premiers indices de cette renaissance surprenante. L’action de poètes, ardents patriotes, Kollar, Celakôvsky, etc., l’accentuent. C’est alors qu’éclate à l’occident de l’Europe la Révolution de 1830. Elle n’exerce pas en Autriche d’action directe, mais son influence cependant décuple la puissance des aspirations nationales. Un an s’est à peine écoulé que les Italiens de Parme et de Modène se soulèvent contre leurs souverains autrichiens. Les récriminations des Magyars deviennent plus pressantes. A la Diète de 1833, ils cessent de parler latin et la langue magyare devient pour toujours l’instrument des actes parlementaires. Dans la Gazette cle la Diète, Louis Kossuth entretient l’esprit public et développe les énergies. Après 1840, les forces magyares sont suffisamment concentrées pour que François Deak puisse dresser utilement le programme du parti naLional : « La Hongrie est un pays libre, indépendant dans tout son système de législation et d’administration; elle n’est subordonnée à aucun autre pays. Nous ne voulons pas mettre les intérêts de notre patrie en contradiction avec ceux de l’unité de la monarchie et de la sûreté de son existence; mais nous regar- Kobela'rov, pays slave de la Hongrie, mort le 26 juillet 1861. Philologue et archéologue, bibliothécaire de l’üniversité de Prague. Il faut citer parmi ses œuvres principales : les Origines de la grammaire vieux-tchèque, les Antiquités slaves, VEthnographie slave, la traduction de Marie-Stuart, de Schiller; les Chansons des peuples slaves de Hongrie, lu Muse des monts Carpathes et la lyre slave.