AU SEUIL DU XX' SIÈCLE 157 voulant partager l’Autriche, ont intérêt à faire croire qu’elle se dissout naturellement. Sans doute, les sujets slaves de François-Joseph préfèrent Pétersbourg à Berlin, mais c’est pour des raisons purement sentimentales et qui en aucune façon ne sont susceptibles d’entraîner une extension nouvelle de la Russie. Les intérêts particuliers de chacun des peuples slaves de Gisleithanie étant ainsi déterminés, de même que le caractère vrai de leur Panslavisme, on peut conclure que leur volonté de rester dans le cadre de l’Autriche est profonde, fondamentale et permanente. Séparés par le groupe allemand de la région viennoise, ils ne peuvent espérer former un Étatpurement slave. Leur intérêt bien compris les amène donc à s’appuyer les uns sur les autres, et à conclure une entente avec les Allemands de Vienne. C’est là le dernier terme de l’évolution qui porte en elle-même le « fédéralisme » . Or, qui dit « fédéralisme » , dit lien fédéral. Les Slaves cisleithans n’en cherchent pas d’autre que celui indiqué par l’histoire, les services passés, le loyalisme présent : la dynastie des Habsbourg. Par la force des choses, ceux-ci n’ont pas de plus fidèles sujets que les Slaves et l’Autriche n’a pas de plus fermes soutiens. § 2. — Des points de vue différents amènent les Allemands de Cisleithanie à une conclusion analogue. Toutefois, comme le Pangermanisme recrute des partisans dans leurs rangs, ils ne présentent point, comme les Slaves, une opinion presque unanime. Pour bien comprendre la psychologie de l’Allemand d Autriche, il est indispensable de ne pas attribuer à la similitude des langues une influence qu’elle n’a pas. En réalité, entre un Allemand de Vienne et un Allemand de Berlin, la différence est au moins aussi grande qu’entre un Parisien et un Genevois. Ceux-ci parlent le français, mais leur « mentalité » est opposée au point d’être presque