90 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE tion ne comporte pas les dangers cju’on pourrait supposer. En opérant la fusion des armées et des flottes allemandes et autrichiennes, l’extension procurerait les moyens de faire face aux dangers qu’elle susciterait. Pola deviendrait un grand port de guerre pour la formidable marine germanique et l’armée allemande obtiendrait cette puissance inouïe que procure l’énormité des effectifs (1). Ainsi étroitement rattachée à l’empire allemand, l’Autriche deviendrait son avant-garde et son mandataire (2). Soumis à sa domination, les États des Balkans seraient indirectement placés sous l’égide de l’empire allemand (3), qui se trouverait alors en bonne situation pour recevoir une large part des dépouilles de la Turquie. Armé de tels éléments de puissance, le gouvernement de Berlin « assurerait » la paix à l’Europe, sans cependant peser trop lourdement sur les États confédérés ; mais, qu’on ne s’y trompe pas, seule une Allemagne s’étendant de l’Ems aux embouchures du Danube, de Memel à Trieste, de Metz aux rives du Bug, peut remplir cette mission, car seule une telle Allemagne pourrait se nourrir et avec son armée permanente vaincre la Russie ou la France, ou battre même leurs forces réunies avec l’appui de ses réserves (4). Loin d’être ébranlée, l’unité de l’empire reposerait sur une assise plus solide qu’actuellement (5). Le jour où le peuple (1) V. Dr Hasse, Die Deutsche Ostmaik, p. 4. Piiber, Berlin, 1894. (2) « ...Vorhut und Mandatar des Deutschen Reiches... » V. G. Wal-DERSEE, Was Deutschland braucht, p. 13. Thormann, Berlin, 1895. (3) Idem. (4) « Den Frieden in Europa ohne dauernde Belästigung seiner Angehörigen zu erzwingen, ist nur ein Deutschland im Stande, das von der Ems zur Donaumiindung, von Memel bis Triest, von Metz bis etwa zum Bug reicht, weil nur ein solches Deutschland sich ernähren, nur ein solches mit seinem stehenden Heere sowohl Frankreich als Russland, und mit seinem Heere und dessen erstem Ersätze das mit Frankreich verbündete Russland niederschlagen kann. » Paul de Lagarde, Deutsche Schriften, p. 113 et 114. Dieterich, Gottingen, 1892. (5) V. G. Waldersee, Was Deutschland braucht, p. 10. Thormann, Berlin, 1895.