184 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE Par l’effet naturel de cette annexion, le coefficient des Allemands dans la nouvelle Gisleithanie s’élèverait de 53 à 60 pour 100 (1) . Les Allemands qu’on incorporerait ainsi constitueraient une excellente acquisition. La plupart sont prussophiles, et beaucoup sont des émigrés qu’une lointaine prévoyance a dirigés, selon le conseil de Paul de Lagarde, sur les points les plus importants de la Hongrie. M. Ch. Loiseau a déjà signalé l’intensité de ce courant d’immigration. On peut s’en rendre compte à « la progression formidable du chiffre des protestants en Translei-thanie. La statistique de 1890 accusait déjà, sur l’étendue du royaume de saint Étienne, 2,225,126 calvinistes et 1,204,400 luthériens. Réunis, ils forment aujourd’hui une masse de plus de 4,200,000 personnes. Il fut un temps où -la Hongrie patriote aurait protesté contre cet envahissement. Aujourd’hui, engagée à fond dans la politique tripli-cienne, elle s’en accommode (2) «. Ces lignes sont de 1898. Il a suffi des trois années écoulées pour modifier fort sensiblement les points de vue des Magyars. Cette évolution rapide résulte dans une large mesure des intentions peu équivoques à l’égard de la Hongrie, révélées dans ce laps de temps par les publications pangerma-nistes, et dont des faits certains ont établi le caractère sérieux. Considérant que, « dans le royaume dit de Hongrie, les Magyars gouvernent quoiqu’ils ne représentent que 43.7 pour 100 de la population (3), » que les non-Magyars ont une majorité de deux millions et demi (4), que deux mil- (1) « Durch Anschluss der anstossenden deutschen Sprachgebietes in Ungarn (Hienzen und llaidebauern) würde der deutsche Anteil sogar auf 60 °l0 steigen. » Justus Perthes’ Alldeutscher Atlas, p. 5. Gotha, 1900. (2) Ch. Loiseau, le Balkan Slave, p. 233. Perrin, Paris, 1898. . (3) » Im sogenannten Königreich Ungarn herrschen die Madjaren, obwohl sie nur 43,7 proz. der Einwohnerzahl ausrnachen. » Gross-Deutschland, p. 6. Deutschvölkischer Verlag « Odin », Munich, 1900. ¡ (4) Das magyarische Ungarn und der Dreibund} p. 12. Lehmann, Munich, 1891.