AU SEUIL DU XX' SIÈCLE 2-25 veut donc voir les choses comme elles sont, il faut considérer la grande majorité des étudiants de l’empire allemand comme des partisans très zélés de la Pangermanie. D’ailleurs, sous l’influence des brochures, des manifestations faites par des personnalités connues ou des collectivités influentes, sous l’action de considérations économiques, politiques, sentimentales ou militaires, toutes les classes de la société allemande se laissent gagner en grande partie par les théories remises en honneur et modernisées par le Dr Hasse. Sans doute, tous les Allemands ne sont pas encore entrés dans cette voie périlleuse. Après les premières attaques de l’Union pangermanique contre l’Autriche, un grand nombre de journaux de l’empire ont protesté fort honnêtement contre cette immixtion (Einmischung) dans les affaires d’un Etat étranger. La Kölnische Volkszeitung a été l’un des plus constants dans la réprobation. « Tout homme intelligent comprend, disait-elle en janvier 1900 que depuis 1866, les choses se sont modifiées en Autriche, de telle façon que l’ancienne prépondérance du « germanisme » dans l’empire des Habsbourg, formé de nationalités enchevêtrées, ne peut se maintenir sans violenterles autres nationalités et notamment les Slaves. Assurément, chaque peuple a le droit et le devoir de défendre énergiquement sa nationalité, mais il doit reconnaître le même droit aux autres et le leur laisser exercer. Cela est particulièrement nécessaire en Autriche, où des nationalités si diverses se trouvent réunies dans un même État. Elles doivent se respecter et se supporter réciproquement. L’exercice illimité des intérêts d’une de ces nationalités est incompatible avec la conception même de l’État autrichien. Les Allemands doivent se dire : « Personne n’a le droit d’opprimer notre nationalité, mais nous n’avons pas nous-mêmes le droit de comprimer le « slavisme » artificiellement et violemment. » 11 faut donc eher--cher le compromis nécessaire sur la base de la justice. 15