20 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE à prouver que cette entente doit être durable. De nombreuses sociétés polonaises et tchèques de gymnastique, de chant, d’étudiants, ont saisi toutes les occasions de fraterniser; des milliers de femmes de Bohême et de Galicie ont échangé des télégrammes pour affirmer leur solidarité dans le « slavisme» ; en juin 1898, l’alliance tchèque polonaise s’est affirmée avec éclat lors des fêtes des centenaires de Palacky, l’historien tchèque, et d’Adam Mickiewicz, le grand poète polonais ; à l’occasion de l’inauguration du nouveau théâtre polonais de Leopol (1) (4 octobre 1900), la ville de Prague, représentée par son maire, le Dr Srb, a offert à la ville de Leopol une couronne de laurier en argent et une adresse contenant ces lignes : « La couronne de laurier doit rappeler aux Polonais qu’ils proviennent de la même souche que les Tchèques, et que ceux-ci sont animés du même esprit que les Polonais. Les deux peuples doivent avoir pour devise : « Pour nous et pour notre liberté. » Le vif désir de tous les Slaves est que les Polonais agissent conformément à cette devise dans toutes leurs actions politiques. » On verra plus loin (2) que la communauté des intérêts économiques ne peut que confirmer l’union des Polonais avec les autres Slaves cisleithans. Les Ruthènes, eux, sont dans une situation très particulière. La concession de l’autonomie aux Polonais, les ayant soustraits à l’administration allemande, c’est à l’administration polonaise que s’adressent maintenant toutes leurs réclamations. Elles se présentent d’ailleurs dans des conditions particulièrement délicates, car si les Buthènes occupent la presque totalité des districts ruraux de la Galicie orientale, les Polonais ont la majorité dans les villes. Cette curieuse répartition ethnographique amène les Ruthènes à demander aux Polonais l’octroi d’une autonomie d’un type (1) Leopol se dit : Lemberg en allemand, Lvvow en polonais, Lwiw en r.uthène. (2) Voir p. 148 et suivantes.