36 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE tricables causées par les revendications populaires (1848), il n’était porté ni par son éducation ni par les circonstances à comprendre ses peuples. Cependant, malgré ces conditions défavorables, François-Joseph a évolué. Après la guerre d’Italie, il s’engage dans la voie constitutionnelle, et s’il ne la suit pas avec une constance absolue, c’est cju’il reste victime de deux influences contradictoires, qui se combattent encore en lui-même et qui, selon toute vraisemblance, le troubleront jusqu’à la mort. Chef de l’antique maison des Habsbourg, le souvenir des temps où elle dominait le monde germanique l’oppresse. Au fond de son âme, il considère son expulsion de la confédération des princes allemands comme l’événement le plus douloureux de son règne et, dans l’excès de ses regrets, il oublie parfois de servir uniquement l’intérêt moyen des peuples si divers dont il a la charge. Les deux conceptions de son rôle, entre lesquelles il peut choisir, s’imposent à lui tyranniques et cependant restent contradictoires; prince allemand, François-Joseph doit soutenir dans son empire la cause du « germanisme» ; il est alors partisan du « centralisme » et, par leurs conséquences, Sadowa et Sedan font de lui un satellite de Berlin ; monarque autrichien, il ne voit que la multiplicité des peuples qu’il gouverne et ses sentiments d’équité naturelle l’inclinent au « fédéralisme » , réveillant en lui le désir suprême de se soustraire à la tutelle humiliante des Ilohen-zollern. Ces deux compréhensions si opposées de ses devoirs triomphent tour à tour chez François-Joseph ; elles déterminent ces revirements subits, inexplicables pour quiconque n'a pas compris la lutte qui s’est engagée dans l’esprit de l’empereur. Avant 1867, il penche déjà vers le « fédéralisme » . L’influence germanique de de Beust 1 arrête et le détermine à établir le régime « dualiste », qui n’est qu’un dédouble-