190 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE ment ses paroles furent jugées inopportunes, mais on ajouta qu’en parlant ainsi, il avait prouvé qu’il n’était pas un homme d’État. Depuis lors, son rival plus heureux, M. Ugron, poursuit avec succès sa campagne contre l’alliance avec l’Allemagne qu’il accuse « d’être la conspiration des souverains contre les peuples » . Ces sentiments si nouveaux sont-ils vraiment la conséquence de la propagande prnssophile? Les mesures qu’on prend à Pesth pour la réprimer ne permettent guère d’en douter. Le ministre de la justice hongrois prépare en effet un projet de loi où 11 est dit expressément : « Celui qui, sans la permission du gouvernement hongrois, demande à une société ou à des personnes étrangères, ou accepte d’elles une aide matérielle pour des églises ou des écoles, sera passible d’un mois de prison et d’une amende de deux cents florins. » De toute évidence, cette mesure est dirigée contre le Gus-tav-Adolf-Verein et certainement les Magyars n’auront pas plus de ménagements envers les autres entreprises panger-manistes. Ces indices établissent, tout au moins, que les sentiments prussophiles sont en baisse à Buda-Pesth. On peut même se demander si la vieille haine latente des Magyars pour les Allemands n’est pas en train de renaître. Déjà on chante plus souvent en Hongrie la chanson dont le refrain commence par ces mots : « L’Allemand est une canaille (1). » La contre-partie naturelle de l’hostilité contre les Allemands est une moindre antipathie à l’égard des Slaves cislci-thans. Les deux sentiments sont si naturellement et si étroitement solidaires que, peu après le début de la campagne pangermaniste, les Magyars, sentant son danger, esquissaient déjà un mouvement de rapprochement avec les Slaves. Le 12 septembre 1897, cinq mois après les ordonnances du comte Badeni, le député magyar Nikolas Barth écrivait dans (1) « Der Deutsche ist ein Hundsfott. »