4 L’EUROPE ET LA QUESTION D'AUTRICHE trante des hommes et des choses, avait compris le parti qu’il pourrait peut-être tirer de ces tendances. En 1809, il adressa aux Hongrois une proclamation chaleureuse qui correspondait à leurs aspirations avec une justesse étonnante : « Hongrois... Le moment est venu de recouvrer votre indépendance. Je vous offre la paix, l’intégrité de votre territoire, de votre liberté et de vos constitutions, soit telles qu’elles ont existé, soit modifiées par vous-mêmes, si vous jugez que l’intérêt des temps et les intérêts de vos concitoyens l’exigent. Je ne veux rien de vous ; je ne désire que vous voir nation libre et indépendante. Votre union avec l’Autriche a fait votre malheur. Votre sang a coulé pour elle dans des régions éloignées et vos intérêts les plus chers ont été constamment sacrifiés à ceux des Etats héréditaires. Vous formiez la plus belle partie de son empire et vous n’étiez qu’une province toujours asservie à des passions qui vous étaient étrangères. « Vous avez des mœurs nationales, une langue nationale ; vous vous vantez d’une illustre et ancienne origine : reprenez donc votre existence comme nation. Ayez un roi de votre choix, qui ne règne que pour vous, qui réside au milieu de vous, qui ne soit environné que de vos citoyens et de vos soldats. Hongrois, voilà ce que vous demande l’Europe entière qui vous regarde, voilà ce que je vous demande avec elle. » Ces offres intéressées n’eurent point raison des méfiances des Magyars contre Napoléon I", mais, en précisant leur idéal, elles les rendirent moins disposés à supporter le joug absolutiste. Aussi, après 1815, le gouvernement de François II leur semble-t-il intolérable. Ils ne cessent de protester. A force d’instances, ils obtiennent en 1825 que le souverain convoque enfin leur Diète à Pozony (Presbourg). Nagy et Deak s’y révèlent grands orateurs. Pour la première fois, la langue magyare apparaît à la tribune parlementaire, où jusqu’alors on ne parlait que latin. Les sentiments nationaux