r 140 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE le groupe Schönerer au Reichsrath, formé de sept députés, ne le laisse supposer (1). Dans une réunion publique tenue à Tetschen, en novembre 1899, le député Wolf a affirmé que les trois quarts des Allemands de Bohême appartenaient à son parti. Cette estimation ne semble pas exagérée. Si l’on considère l’activité des Pangermanistes et leur parfaite organisation, on peut même admettre que tous les Allemands de Bohème, c’est-à-dire environ deux millions d’individus, deviendront des adeptes plus ou moins ardents de M. Schönerer. Combien peut-il y en avoir dans le reste de la Cisleithanie ? Jusqu’ici, seules, quelques villes ont été touchées par la propagande. Si l’on admet que leur périphérie immédiate puisse être également pénétrée par elle, on peut évaluer approximativement à un million, en dehors de la Bohême, le nombre des Allemands prussophiles (2). Donc, si l on tient compte des progrès qu ils peuvent vraisemblablement encore réaliser grâce à une propagande intense faite dans un champ d’action propice, on peut admettre que les Pangermanistes atteindront un total d’environ trois millions de têtes. Par rapport aux vingt-cinq millions d’habitants de la Cisleithanie, il est évident que le chiffre de trois millions de Prussophiles est bien faible. Toutefois leur audace et les troubles d’août 1899 indiquent qu’il faut leur attribuer une importance plus grande que leur nombre; cette considération ne doit cependant jamais faire perdre de vue que les deux, tiers d'Allemands d'Autriche, c’est-à-dire la très grande majorité, sont encore loyalistes. (1) Ces lignes ont été écrites un peu avant les dernières élections. (2) V. la teinte rouge de la carte intitulée Répartition géographique des partisans et des adversaires du fédéralisme en Autriche, p. 54.