AU SEUIL DU XX0 SIÈCLE ‘261 politique mondiale. Il a foi en son étoile. Il se croit la mission de restaurer l’empire germanique des anciens jours. L’idée de joindre Hambourg à Trieste le hante. Il connaît l’imprévoyance de ses adversaires et il compte sur sa volonté indomptable pour réussir l’entreprise audacieuse qui fera de lui l’empereur des Germains (1), le Charlemagne des temps modernes. Tout permet donc de croire que lorsque les affaires d’Autriche arriveront à maturité, Guillaume II décidera de la paix ou de la guerre. Les Pangermanistes le savent bien. La volonté personnelle de l’empereur allemand est leur plus grand espoir. « Les princes allemands doivent laisser à l’empereur allemand cette décision pleine de lourdes conséquences (la guerre) (2). » N’est-ce point là ce que disait il y a quelques mois, avec éloquence, le colonel de Bernhardi, parlant à la Société militaire de Berlin : « Le chef aura pour unique loi ses projets et sa propre volonté. C’est seulement en effet quand une pensée librement conçue est appliquée avec une volonté ferme et hardie que peuvent être engendrées ces grandes actions qui assurent ou modifient les conditions d’existence des hommes et des États. » § 5. — Le gouvernement de l’empereur Guillaume paraît si favorable au nouveau courant de l’opinion publique, sa conduite s’harmonise si parfaitement avec celle des sociétés pangermanistes, qu’on peut se demander s’il n’est pas le dispensateur des subsides considérables que nécessite leur propagande en Autriche. Il est en effet très évident que les seules cotisations des adhérents de ces sociétés, si nombreux soient-ils, sont insuffisantes pour subvenir aux dépenses multiples d’une campagne qui dure déjà depuis plusieurs années. (1) Dépèche à Moramsen, octobre 1900. (2) « Diesen folgenschweren Entschluss müssen dis Deutschen Fürsten hezw. der Deutsche Kaiser fassen. » Die Deutsche Potitik der Zukunft. P- 10. Deutschvolhisclier Verlag « Odin », Munich, 1900.