PRÉFACE IX est conclu, quand la faute est irréparable, et ils doivent la payer un jour de leur or et de leur sang. Pour ne pas avoir saisi ces minutes décisives, la diplomatie française s’est constamment trompée depuis un demi-siècle sur les véritables desseins des Hohenzollern. L’affaire des duchés ouvre la série des erreurs. « La France pour son malheur n’intervient pas, et de cette première violence vont naître les autres. 1864 est comme une première épreuve, en raccourci, de 1866, l’année fatale, et de 1870, l’année terrible (1). » Dans l’espace de sept ans, « Bismarck abat successivement le Danemark, l’Autriche, la France, établit l’hégémonie de la Prusse en Allemagne et la prépondérance de l’Allemagne en Europe. » Les moments psychologiques qui engageaient ces événements n’ont pas été saisis par ceux qui avaient la charge de la France : ils n’ont donc pu ni prévoir le danger ni l’éviter. Les hommes qui furent avertis sont restés impuissants. Ils n’ont pas trouvé un gouvernement ouune presse qui voulût tenir constamment la France au courant de l’état vrai de l’Allemagne, des espérances, des ambitions, des préparatifs militaires et des agissements politiques de la cour de Berlin. Rien n’a été fait. Les rapports du colonel Stoffel sont restés dans les cartons; les projets du maréchal Niel ont été repoussés; Édouard Hervé a parlé dans le désert; jusqu’au dernier moment, les Français ont été dupes d’une situation habilement « truquée » , et ils ont été vaincus pour avoir ignoré les forces de leurs adversaires. Il est un art de tromper les peuples. Les suites de la (1) M. Paul Deschanel, discours de réception à l’Académie française.