AU SEUIL DU XX* SIÈCLE 133 « Aujourd’hui des centaines de fonctionnaires pensent résolument Deutschnational (1). » Les plus ardentes recrues de M. Schönerer sont naturellement, en raison de la fougue de leur âge, les étudiants. L’Université allemande de Prague a d’abord été le centre de l’agitation scolaire; puis l’activité malfaisante de M. Wolf a réussi à la communiquer aux Universités de Vienne, de Brunn, de Graz et d’Innsbruck. La fusion des étudiants allemands de l’empire et des étudiants allemands d’Autriche s’est ensuite réalisée, toujours à l’instigation du Dr Hasse, sous le titre de « l’Union des étudiants allemands » (2), qui possède déjà des ramifications dans toutes les écoles supérieures. Ce résultat n’a pas suffi aux Prussophiles. Préparateurs d’avenir, ils entendent gagner à leurs idées même les enfants des collèges. Pour y parvenir, ils ont imaginé de fonder, dans la plupart des villes d’Autriche, des Ligues de la jeunesse (Jugendbunde) qui se tiennent en relation constante avec les groupements similaires existant dans l’empire allemand. La jeunesse autrichienne est ainsi à tous les degrés l’objet d’un embrigadement méthodique. Après un tel travail, ladiffusion des idées prussophiles dans certaines régions était inévitable. Tout décèle leur pénétration. Pour avoir des policiers ressemblant à ceux de l’empereur Guillaume, le conseil municipal de Leitmeritz fait porter à ses sergents de ville des casques dits Pickelhauben ; le drapeau allemand est arboré dans les fêtes publiques (3) -r la Wacht am Rhein et le Deutschland über alles sont chantés à la place de l’hymne autrichien ; les conseils municipaux d’Eger, d’Innsbruck, de Marbourg, etc., décident qu’une rue portera le nom de Bismarck. Dans cette (1) «Hunderte von Verwaltungsbeamten denken heute entschieden deutschnational... » Deutschland bei Beginn des 20. Jahrhunderts, p. 101. Militär-Verlag H. Félix, Berlin, 1900. (2) « Verein der Deutschen Studenten. » (3) La première démonstration antiautrichienne qui se soit produite sous cette forme a eu lieu à Éger le 10 juillet 1897.