AU SEUIL DU XX* SIÈCLE 61 légitime possesseur de ces pays non allemands, la nation allemande devrait en faire la conquête à tout prix, parce qu’ils sont absolument nécessaires pour son développement et sa position de grande puissance. » Une déclaration aussi catégorique établit que l’identité de langue et de race, généralement donnée comme la raison d’être du Pangermanisme, n’est qu’un simple prétexte; les avantages militaires, politiques ou économiques sont ses seuls éléments constitutifs. C’est en vertu de cette théorie de la conquête pour cause d’utilité que la Prusse a fait reconnaître « par le parlement de Francfort, comme territoires llemands, ses provinces orientales, qui en réalité sont slaves (1) » ; que plus tard, dans l’affaire des duchés, après avoir invoqué le principe des nationalités, elle s’est emparée de h la partie septentrionale et purement Scandinave du Schleswig (2) », et qu’en 1844 le futur maréchal de Moltke rouvait naturel d’écrire: « Nous espérons que l’Autriche (3) naintiendra les droits et sauvegardera l’avenir des pays du anube et que l’Allemagne parviendra finalement à libérer embouchure de ses grands fleuves (4). » § 2. — Le roi de Prusse, son souverain, partageait les îémes vues et fit tout pour en préparer la réalisation : on vu plus haut (page 26) qu’en 1860 il adressa une procla-îation « au glorieux royaume de Bohème «, dans laquelle 1 invitait les Tchèques à se prononcer en sa faveur et s’enga-eait formellement, en échange, à respecter les droits de la ouronne de saint Yenceslas. (1 IIebidour, Histoire diplomatique de l’Europe, t. II, p. 67. Alcan, 3aris, 1891. (2) Op. cit., p. 273. [ (3) A cette époque l’expression « Autriche » désignait toute l’Autriche-pongrie actuelle. ■ W “ Wir hoffen, dass Oe sterreichdie Rechte und die Zukunft der Donau-5|an er wahren und Deutschlnnd endlich dahin gelangen werde, die Mlin-Hun^en seiner grossen Strome zu befreien. » Vos Moltke, Schriflen, t. II, 313.