Aü SEUIL DU XX' SIÈCLE 101 Paul de Lagarde considérait l’acquisition de ce port comme une question vitale pour l’Allemagne (1). « Même si tous les Italiens se ruaient contre nous, disait-il, jamais cette place ne devrait tomber entre leurs mains (2). » Les Pangermanistes d’aujourd’hui sont dans les mêmes sentiments. La seule pensée qu’un obstacle pourrait surgir les irrite. Ils avertissent par précaution le gouvernement de Rome que «jamais il ne pourra déplacer ses frontières du nord contre la volonté de l’Allemagne (3) » , et ils invitent les Italiens à diriger leur attention vers le Tessin, la Savoie et la Corse et non vers le Tyrol du sud et surtout vers Trieste (4). Pour toute l’Allemagne, Trieste est la porte commerciale naturelle ouverte vers l’Orient et le canal de Suez. Trieste doit donc être un port allemand (5). § 2. — Le moment présent paraît exceptionnellement favorable à la satisfaction de ces convoitises, pendant si longtemps réfrénées. La monarchie austro-hongroise est sur le point de se démembrer (G), croient les partisans de la Grande-Allemagne. Ils entendent donc que le gouvernement de Berlin se tienne prêta toute éventualité; dès maintenant, ils discutent les meilleurs moyens de réaliser l’annexion. L Allemagne devra-t-elle procéder seule à cette délicate opération ou s’entendre avec ses voisins comme jadis à (1) “ ... Triest zu besitzen für Deutschland eine Lebensfrage ist... » Paul DE Lacarde, Deutsche Schriften, p. 29. Dieterich, Göttingen, 1892. A “ ...wenn alle Italiener zusammen gegen uns stürmen, diesen Hafen dürfen sie niemals in die Hände bekommen. » Idem. (•3) » ... Italien seine nördlichen Grenzen niemals gegen den Willen Deutschlands verschieben kann. » Grossdeutschland und Mittel Europa um das Jahr 1950, p. 18. Thormann, Berlin, 1895. (+) “ ... sie sollten ihre Aufmerksamkeit mehr dem Tessin, Savoyen, Nizza und Korsika schenken als Südtirol und namentlich Triest. » Idem. ;5) Dr E. Hasse, Alldeutsche Blätter, 1895, p. 137. (6, Oesterreichs Zusammenbruch und Wiederaufbau, p. 3 Lehmann Munich, 1899.