AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 35 brables protestations qui se sont élevées, aucune n'a été plus cligne, plus juste, plus éloquente que celle du prélat de Hradetz Kral (Kœniggrætz), parlant devant une association ouvrière : « Depuis plus de cent ans, le peuple laborieux de la Bohême est victime de l’injustice et de l’ingratitude. Car, il est superflu de le rappeler, les Habsbourg n'ont reçu la couronne de Bohême que de la libre élection des États de ce pays, et vouloir faire de ce pays une simple province, c’est de l’injustice et de l’ingratitude. DevantDieu et devant la justice divine, notre pays, uni à la Moravie et à la Silésie, forme un royaume uni et indivisible. Si les hommes d’État dirigeants méprisent le droit, qui donc est responsable du désordre et des manifestations qui se produisent? Personne, que ceux qui ont oublié le vieux proverbe : u Pères, ne mettez pas la haine dans le cœur des ii fils de la Bohême. » Que l’Autriche revienne aux maximes de la justice, et des manifestations joyeuses succéderont à celles de la colère; notre roi sera salué au Hradschin par les acclamations du peuple enfin satisfait, et l’Autriche sortira de son tombeau comme Lazare. » § 3. — Les » faits » de l’histoire marquent avec une force extrême la progression du développement des nationalités non allemandes de la Gisleithanie. Cette seule constatation ne saurait suffire toutefois à dégager les caractères essentiels de l’évolution politique de l’Autriche ; il faut encore auparavant s’être rendu compte de l’action exercée par 1 avènement des Slaves à la vie publique sur la dynastie des Habsbourg, en la personne de François-Joseph, et sur ses sujets allemands. Cette influence sur le monarque autrichien a été beaucoup plus profonde qu’on ne l’admet généralement. Les variations mêmes de François-Joseph en sont la preuve. Elevé dans les principes du plus pur « absolutisme « , prenant le pouvoir au milieu de difficultés presque inex-