REMARQUES RELATIVES A LA CARTE DE L’AV TRICHE VRAIE I Les chiffres du tableau de droite sont officiels. Etablis par l’administration allemande de Vienne, ils ont pour base la Umgangssprache ou langue usuelle de conversation et non la langue maternelle. Cette base est évidemment très défavorable aux Slaves, car, par suite de son adoption, on a dû compter comme allemand tout sujet autrichien parlant allemand dans la vie courante. Or, il existe beaucoup de Slaves à Vienne ou sur les limites des groupes ethnographiques qui, employés par des Allemands, sont dans l’obligation pratique de parler l’allemand tout en ayant des sentiments de Slaves. Les chiffres ci-contre, fort au-dessous de la vérité au détriment des Slaves, donnent donc une très grande force aux déductions qui en résultent en leur faveur. II Evidemment, les populations ne sont pas, en fait, aussi nettement séparées que semblent l’indiquer les couleurs de cette carte. Le mélange des nationalités existe sur les frontières des groupes ethnographiques, sur certains points déterminés formant ilôts, et aussi dans les grandes villes. A Prague (faubourgs de Karlin, Vinhorady, Zizkow et Smichow compris), sur 305,000 âmes, on compte 264,000 Tchèques et 40,000 Allemands, dont 21.000 Israélites. (Chiffres du recensement de 1890.) A Vienne, au centre du groupe allemand le plus dense, on trouve environ 300.000 Tchèques, soit plus de 20 pour cent. Le recensement de 1890 n’en accuse que 63,000, mais ce chiffre est notoirement faux par suite du choix de la langue de conversation au lieu de la langue maternelle comme base de la statistique. Quoiqu’il ne soit pas officiel, le chiffre de 300,000 Tchèques est considéré comme étant encore fort au-dessous de la vérité. (V. la note 2, p. 48.) Pour Trieste, les chiffres officiels ont été conservés en l’absence de renseignements suffisamment sérieux permettant de les remplacer par d’autres. La proportion de 83 pour cent d’italiens contre 14 pour cent de Slovènes est cependant inexacte. On affirme que les Italiens sont seulement 60,000 et les Slovènes 160,000. Ce chiffre paraît vraisemblable, si l’on considère les statistiques d’un ouvrage allemand remarquablement documenté sur l’ethnographie de l’Istrie : Die Volksstamme im Gebiete von Triest und in Istrien, par le Dr P. Tomasin. Schimpff, Trieste, 1890. III Le présent ouvrage étant consacré principalement à l’étude de la Cislei-tlianie, la carte ci-contre laisse absolument sans indications le territoire de la Hongrie ou Transleithanie ; il ne s’ensuit nullement que l’auteur ait voulu oublier les limites de la Croatie ni les différentes races ressortissant du gouvernement de Budapesth. (V. p. 15.)