AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 39 Le premier est composé des Allemands qui, comprenant l’impossibilité de maintenir l’ancien état de choses, admettent en principe les réclamations des Slaves et reconnaissent l’obligation d’appliquer loyalement 1 article 19 de la Constitution. (V. p. 16.) Ces partisans de la conciliation se sont formés, surtout pendant les vingt dernières années, dans les régions alpestres de la Cisleilhanie ; mais leur volonté ne s’est manifestée nettement que lorsque la plupart de leurs députés ont constitué avec les Slaves la majorité fédéraliste qui a soutenu les ministères Badeni et Thun. Dans maints documents (1), ces Allemands ont très loyalement déploré les événements du Parlement qui paralysent son activité et ébranlent l’empire dans ses fondements. Ils se sont déclarés prêts à provoquer et à protéger toute action ayant pour but de régler et d’assurer par voie législative le droit d’État sur la base de l’égal traitement des peuples. Cette adhésion au « fédéralisme » s’est faite sans enthousiasme ; il est clair que des Allemands ne sauraient mettre la même ardeur que les Slaves à demander la réforme fédérale. Les Allemands fédéralistes la reconnaissent indispensable au bien de l’Autriche et se déclarent prêts à l’admettre; c’est là tout ce qu’on peut attendre d’eux, et c’est d’ailleurs suffisant. Une telle attitude, toute de raison et d’intelligence politique, leur a valu les attaques véhémentes des Allemands intransigeants, qui les accusent de trahir la cause du « germanisme » . « Ils ne se sentent chez eux que dans le camp gouvernemental des Panslavistes. Les Thun, les Lichtens- (1) Texte d’un manifeste du groupe des Allemands fédéralistes : « Die Partei bedauert die Vorgänge im Abgeordnetenhaus, die dessen Thätigkeit lahmlegen und die Reichsgrundlagen erschüttern, und erklärt sich bereit, jede Aktion, welche dahin ziehlt, das nationale Recht der Staatsbürger im Wege der Gesetzgebung auf Grund der Gleichberechtigung der Nationen zu regeln und zu sichern mit allen Nachdrucke zu unterstützen und zu fördern. »