152 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE rieuse, lorsque les éleveurs hongrois écoulent difficilement leurs produits, les vétérinaires placés aux Carpathes découvrent, avec une unanimité frappante, au bétail polonais des maladies contagieuses et lui interdisent rigoureusement le territoire hongrois. Ce fait suffit à caractériser ce que pourraient être des relations plus étroites entre la Galicie et la Hongrie. La Sonderslellung ne pourrait évidemment pas les améliorer; son résultat économique le plus certain serait donc de mettre la Galicie dans une situation encore plus difficile qu’aujourd’hui. Au point de vue politique, cette Sonderstellung gagnerait-elle les Polonais? Si l’on suppose que la Galicie devrait être rattachée à la Hongrie, il est clair que les Polonais n’ont aucune raison de se soumettre à la suzeraineté des Magyars. Ceux-ci, d’ailleurs, ne trouveraient eux-mêmes aucun intérêt à exercer celte suzeraineté ; si la Croatie est parfois pour eux une source de difficultés, elle leur procure au moins l’inappréciable avantage d’un accès à l’Adriatique. La possession de la Galicie ne leur offrirait rien de comparable. Cette hypothèse écartée, peut-on envisager celle d’une complète indépendance de la Galicie? On n’y saurait songer. Beaucoup moins riche que la Bohême, la Galicie supporterait plus difficilement qu’elle les lourdes charges qui incombent à un État indépendant. Enfin, dernière supposition, la Sonderstellung serait-elle, comme le veulent un grand nombre de Pangermanistes, le prélude de la cession de la Galicie à la Russie, en compensation de l’avance que le Tsar permettrait à l’empire allemand de faire vers Trieste? Dans ce cas, les Polonais auraient des raisons bien décisives de s’opposer à la combinaison. Des trois parties de la Pologne, la Galicie en est l’Eldor rado et le conservatoire de la vie nationale. Chaque année tous ceux qui constituent « l’intelligence » de la Pologne russe et prussienne se réunissent sans entraves à Zakopane,