320 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE est donc une éventualité qui doit être envisagée d’après ce principe que F « intervention est toujours le prétexte d’une politique de conquête » (1). | 2. — La prévision des événements extérieurs et l’art d’en tirer parti constituent en somme une escrime supérieure où chaque coup doit trouver sa parade. Ces parades, une « prévoyance » incessante et poussée aux limites les plus reculées du possible peut seule permettre de les concevoir et de les exécuter. C’est pour avoir eu un gouvernement constamment prévoyant que l’empire allemand vient de passer dans la guerre et dans la paix par une période exceptionnellement brillante. C’est pour ne point avoir été prévoyante que la France a été vaincue à Sedan. Des exemples aussi probants ne sauraient être inutiles. Les gouvernements intéressés au maintien du statu quo en Europe centrale doivent donc prévoir la «question d’Autriche « sous toutes ses formes et dans toutes ses conséquences. Il leur faut apprécier l’importance, pour la sauvegarde de leurs intérêts, du mouvement fédéraliste cisleitban, se pénétrer de la valeur européenne de la Bohême, clef de voûte de l’édifice autrichien, et comprendre que de l’issue du combat qu’y soutiennent les Tchèques dépend pour des années le sort de l’Europe entière. Tout revient à savoir si les gouvernements qui ne peuvent pas laisser disparaître l’Autriche sans commettre une faute capitale sauront pénétrer à temps les projets allemands et y apporter les obstacles qui conviennent. Quels sont ces États et quels sont leurs moyens d’action ? (1) « Hier ist die Intervention immer nur der Vorwand fur Eroberungs-politik... » Dr K. Mehrmann, Deutsche Welt-und Wirtschafts-Politik. Deutschvolkiscber Verlag « Odin », p. 39.