AU SEUIL DU XX' SIÈCLE 181 mandes. Tous les obstacles qu’elle rencontre doivent être brisés. Cette politique comporte le libre accès vers les Balkans et vers l’Orient; les Hongrois sont sur la route : il faut qu’ils laissent libre passage à la théorie impérialiste berlinoise, et c’est pour faire ce passage que le projet de Zollverein s’étend aussi à la Hongrie. Quant aux intérêts magvars, M. Hasse et ses amis s’en soucient fort peu. Ce qu’il s’agit de conclure, c’est une sorte de société léonine, au profit de l’empire allemand. Cette préoccupation est trop visible pour admettre que les réalistes Magyars puissent se laisser prendre à un piège si mal dissimulé. § 4. — On peut encore envisager une autre hypothèse: celle dans laquelle les Hongrois resteraient politiquement et économiquement en dehors d’une modification de l’Europe centrale, mais laisseraient les Allemands réaliser la mainmise qu’ils souhaitent sur la Cisleithanie. Quelles éventualités en résulteraient pour les Magyars? Tout au moins l’établissement de contacts peu désirables et même dangereux avec de nouveaux voisins. Une telle opération ne se conçoit bien en effet que si la Russie, d’accord avec la cour de Berlin, consentait à partager l’Autriche comme jadis la Pologne (1). Dans ce cas, la Galicie formerait nécessairement la part de la Russie, ce qui rendrait la Hongrie voisine immédiate de l’empire des Tsars. Le. gouvernement de Pesth peut-il envisager, sans appréhension, un tel événement? N’aurait-il pas beaucoup plus à redouter d’une Russie mise à même de faire en Hongrie la propagande slave qui lui conviendrait — et le fait d’avoir accepté la Galicie impliquerait cette volonté — que d’une Autriche fédéra-lisée et, par suite, nécessairement pacifique? La Galicie ne forme-t-elle pas un État-tampon idéal que les Magyars ont le plus grand intérêt à conserver? Le doute sur ces points (1) Voir chapitre VIII, n, § 2, la discussion de cette hypothèse.