AU SEUIL DU XX” SIÈCLE 81 Sans doute, le jour où son objectif sera atteint et la mainmise réalisée, on verra Guillaume II protéger avec une ferveur nouvelle le luthérianisme, pierre angulaire du trône de Prusse, mais ce moment est encore lointain. Ce qu’il importe actuellement de constater, c’est l’opinion des catholiques allemands au sujet de la Grande-Allemagne ; or, on ne saurait se faire d’illusions, la majorité d’entre eux souhaite sa réalisation et y travaille. Ces causes si diverses, psychologiques, politiques, économiques, religieuses, agissant d’une façon concordante dans les dernières années, ont favorisé puissamment le développement des idées pangermanistes. II COMMENT LES PANGERMANISTES JUSTIFIENT LEUR THÈSE Les partisans de la Grande-Allemagne n’ont pas seulement profité des circonstances favorables de la période actuelle pour vivifier leur doctrine en la modernisant ; avec cet esprit de méthode dont les Allemands savent tirer un si merveilleux parti, ils ont tenté de créer des arguments à l’appui de leur thèse préconçue. § 1 • — Ils les exposent dans une « littérature » , comme on dit de l’autre côté du Rhin, qui s’est développée avec une intensité progressive. Certains affirment qu’« on ne saurait accorder beaucoup d’importance à ces élucubrations, pour la plupart anonymes, qui ne tiennent compte ni des faits ni même des probabilités (1) ». (1) V. Beaumoht, Questions diplomatiques et coloniales, 1900, p. 530. 6