314 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE « Jamais jusqu’à présent la préparation stratégique n’a eu pareille importance pour le résultat de la lutte, jamais les conséquences du premier choc n’ont exercé une influence aussi décisive que celle qu’elles exerceront à l’avenir... Le déploiement stratégique terminé, la manœuvre offensive doit en jaillir comme l’éclair du nuage (1). » Toutes les indications d’ensemble et de détail fournies par le colonel de Bernhard! — et il en est de même dans les écrits de tous les grands théoriciens militaires allemands — dérivent de l’idée que « la victoire appartient à qui prend de l’avance dans le temps et dans l’espace » . üne intervention armée de l’Allemagne en Autriche permettrait d’autant mieux d’appliquer ces principes que les dispositions enveloppantes des troupes allemandes autour de la Bohême donnent la faculté de choisir le point d’invasion avec les plus grandes chances de déjouer les prévisions des Autrichiens. La difficulté réelle de l’opération consistera à saisir l’instant politique de l’action. « Pour nous, dit un Pangermaniste, il ne s’agit en face de ce problème que d’attendre le moment favorable. Il viendra sûrement (2). » « Si les signes ne sont pas trompeurs, le temps approche où les Allemands d’Autriche seront mûrs pour être réunis à l’empire (3). » C’est à Berlin qu’il faudra se décider à attaquer. « On conduit généralement moins bien une guerre qu’on doit subir que celle qu’on suscite soi-même (4). » « Vienne aujourd’hui une crise européenne, la nation fera son devoir sur l’ordre de son empereur, comme toujours, sans demander comment et pourquoi (5). » On ne doit pas s’en étonner. (1) Colonel de Bernuardi, Conférence a la Société militaire de Berlin. (2) « Für uns giebt es diesem Problem gegenüber instweileen nur Abwarten des günstigen Moments, der sicher kommen wird. » Deutschland bei Beginn des 20. Jahrhunderts, p. 102. Militär-Verlag R. Félix, Berlin, 1900. (3) «... wenn nicht alle Zeichen trügen, die Zeit heran, wo die. Deutschen Oesterreichs reif sein werden, um im Reiche aufzugehen...» Idem. (4) Op. cit., p. 50. (5) « Käme es heute zu einer Europäischen Krise, so würde die Nation,