AU SEUIL DU XXe SIÈCLE T9 l’étranger pour les produits de consommation, le gouvernement pourra protéger nos intérêts plus efficacement qu aujourd’hui. » 11 n’est pas jusqu’au changement survenu dans l’attitude des catholiques allemands qui n’ait aidé à la fortune des conceptions pangermanistes. La politique de Guillaume II à l’égard du catholicisme est en opposition, au moins en apparence, avec celle que suivit le prince de Bismarck. Devant les progrès du socialisme et la force croissante du « centre » au Reichstag, l’empereur allemand, quoique profondément luthérien, a reconnu l’impossibilité de gouverner sans le concours de ses sujets catholiques. Depuis son avènement, il ne cesse de leur donner de menus gages afin de gagner leur confiance; il faut reconnaître qu’il y a complètement réussi. Aujourd’hui les catholiques servent avec éclat ses vues et sont les plus fermes soutiens du trône impérial. Leur « nationalisme », exalté par la Weltpolitik, dépasse même facilement la grandeur de leur dévouement envers Rome. « Nous sommes Allemands avant d’être catholiques, » disait récemment un étudiant. C’est ce que montre d’une façon typique un curieux incident. A la fin d’août 1899, les catholiques allemands ont tenu à Neisse, près de Breslau, leur 46' congrès. Le premier jour, le buste du pape avait été placé à la droite de la tribune présidentielle et celui de l’empereur à la gauche. On vit là une incorrection grave et, le lendemain, le premier bourgmestre lui-même vint restituer au buste de Guillaume II la place d’honneur. Ce loyalisme ardent n’est point sans arrière-pensée. Il dissimule des ambitions, aussi religieuses que politiques, sur la portée desquelles il serait grave de se méprendre. Les catholiques de l’empire allemand, comme tous les partis, — ils en forment un en Allemagne, — comprennent plusieurs groupes, séparés par des nuances. Le plus nombreux et le plus influent gravite autour d’un ami personnel