196 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE Par la force même des choses, les Germains les plus enclins à se laisser séduire par l’idée de la Grande-Alle-magne, de YAlldeutschland, devaient être les sujets de Guillaume II. En se passionnant pour la conception nouvelle, ils ont déterminé un courant d’opinion, indispensable à connaître pour l’intelligence complète du mouvement pan-germaniste. L’attitude observée par le gouvernement de Berlin à l’égard des manifestations pangermanistes, faites sur le sol soumis à son action, n’offre pas moins d’intérêt : elle permet de discerner, avec de très grandes chances d’exactitude, la politique que semble vouloir suivre Guillaume II vis-à-vis de l’Autriche. I l’opinion publique L’état présent de l’opinion publique allemande n’est pas le résultat spontané d’une évolution naturelle, mais d’une propagande exécutée en Allemagne en même temps qu’en Autriche par des procédés analogues, avec cette différence toutefois que la portée en est autrement grave. Pour se persuader qu’on se trouve bien en présence d’agissements voulus, le mieux est d’étudier dans ses éléments principaux et saisissables l’organisation pangermaniste, sans craindre d’entrer parfois dans les détails. § 1. — Les Pangermanistes ont su mettre au service de leur propagande les merveilleuses facultés d’association des Allemands. Ils disposent maintenant de groupements puissants, coordonnés entre eux et dont chacun remplit une tâche déterminée. Le plus influent de tous est incontestablement Y AU-