110 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE s’étaient abouchés, reprirent et développèrent leurs arguments. Le 12 février 1807, le Grazer Tageblatt préconisa l’établissement d’une alliance plus étroite entre l’Allemagne et l’Autriche, au moyen d’une Union douanière, première étape vers de meilleures conditions (1). Les esprits étaient suffisamment préparés pour qu’on tentât une action ouverte, la seule qui pût vraiment être efficace; mais il fallait au moins un prétexte pour la commencer. § 2. — Les ordonnances du comte Badeni sur l’emploi des langues en Bohême et en Moravie (avril 1897) fournirent ce prétexte. Elles avaient le caractère anodin que l’on sait; cependant, le comte Badeni, en raison des difficultés de la situation parlementaire, avail eu soin, avant de les publier, d’en communiquer le texte aux députés allemands des groupes dits progressiste et nationaliste. Ceux-ci ne protestèrent que faiblement; aussi, le comte Badeni se crut-il autorisé à penser que sa réforme serait acceptée sans de trop grandes difficultés. Il en fut autrement. Le Dr Hasse et M. Schönerer, qui n’attendaient qu’une occasion propice, jugèrent celle-ci excellente. Ils dressèrent aussitôt ce plan fort simple : agiter l Autriche avec le prétexte des ordonnances ; surchauffer en même temps les esprits en Allemagne au nom du « Germanisme » menacé, et continuer la campagne autant d’années quille faudrait pour Jorcer finalement le gouvernement de Berlin à intervenir. En moins de quatre ans, MM. Hasse et Schönerer sont parvenus à exécuter les deux premières parties de ce programme. Ils furent admirablement secondés, il est vrai, dans leur entreprise. En Allemagne, le premier disposait des cadres excellents de l’Union pangermanique; en Autri- (1) « ... als erste Etappe zu besseren Zuständen. »