AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 45 nécessités autrichiennes, sont pour eux des mots vides de ‘sens; seuls, existent les intérêts supérieurs du « germanisme » . Us sont aujourd’hui les dignes descendants de ceux cpie, dès 1867, l’invalide russe apostrophait avec véhémence : « Qu’ils se souviennent, ces Allemands, que, tout en s’enorgueillissant de leur liberté de conscience, de pensée et de science, ils exterminaient cette même liberté chez les Slaves, et que, tout en vénérant Martin Luther, ils ont brûlé Jean Huss. Qu’ils se souviennent combien de martyres ont dû supporter les Slaves, que des Slaves en centaines de mille ont dû mourir par la faim, par le fer ou sur les bûchers, pour faire place aux Allemands qui habitent aujourd’hui la terre slave au milieu des Slaves, auxquels ils disent avec orgueil : « Vous êtes à nous ; nous vous « avons conquis par notre civilisation. « Non, ce n’est pas la civilisation qui a soumis cette terre aux Allemands ; ce n'est pas la civilisation qui a tué les germes slaves dans ce pays. Tout ce que les Mongols n’ont pu dompter en Orient a été systématiquement détruit en Occident par les Allemands. Depuis vingt ans, les Allemands ne font que parler dans tous les coins du monde du principe des nationalités, et, dès qu’il s’agit de la nationalité slave, ils oublient leurs causeries humanitaires et sont disposés à se convertir en autant de Metternich. » v MM. Schônerer (1) et Wolf, les chefs des intransigeants, continuent en effet, dans ce sens, l’œuvre du ministre absolutiste. Ils forment au parlement de Vienne le groupe peu nombreux des Prussophiles — sept membres (2) — mais qpnt l’importance s’accroît rapidement sous l’action de circonstances récentes exposées aux chapitres II et III. I Les adhérents de ce groupe se recrutent surtout dans la Bohème du nord, principal champ de bataille où se rencontrent Slaves et Germains, et dans quelques autres cen- (1) V. p. 107 le passage relatif à M. Sclionerer. Ecrit avant les élections de 1901.