PRÉFACE « Voilà un siècle que l’on travaille à résoudre la question d’Orient. Le jour où l’on croira l’avoir résolue, l’Europe verra se poser inévitablement la question d’Autriche (1). » Rarement vue d’historien fut plus pénétrante. Les puissances du vieux monde se croient délivrées du problème oriental; depuis la guerre turco-grecque, «l’homme malade « semble reprendre des forces ; on ne parle plus de sa succession; mais voici que, suivant les prévisions de M. Albert Sorel, l’intérêt politique se déplace et se concentre sur l’empire de François-Joseph. Les événements de Chine, quelle que soit leurdurée, ne sont un dérivatif qu’en apparence. Ils n’empêchent point un avenir menaçant de se préparer en Europe centrale. Une conflagration générale peut sortir de la crise chinoise, et donner aux affaires d’Autriche une précoce maturité. Le danger qui grandit au centre du continent n’est pas nouveau. Depuis longtemps on sent son approche, mais on la sent confusément. On s’imagine à priori que ce péril (1) Albert Sorel, la Question d'Orient au X VIIIe siècle, p. 280. Pion, Paris, 1889.