ET LES PUISSANCES EUROPÉENNES lis tir qu’au cas d’un partage du Maroc, elle n’en serait pas exclue. La concordance de ces deux voix, parties l’une d’Espagne, l’autre d’Angleterre, est significative ; elle prouve que, de l’aveu même de ses rivales, la France-Algérie, avec son expérience déjà longue du gouvernement des pays musulmans, avec sa belle armée africaine, est seule en état, le jour où, d’une façon ou d’une autre, la « question marocaine » demanderaitune prompte solution, d’exercer, à Fez et à Marrakech, une influence assez forte pour rétablir l’ordre dans l’empire, pour y assurer la sécurité du commerce et commencer d'arracher, au sommeil léthargique de l’islam, la perle du Maghreb. Lorsque mourut Bâ-Hamed, le puissant ministre de Mouley-el-Hassan et de Mouley-abd-el-Aziz, le splendide palais qu’il avait fait bâtir à Marrakech et où il avait entassé les merveilles de l’art arabe ancien et moderne, fut fermé pour toujours. Ainsi le veut la coutume, lorsque meurt un prince ou quelque très haut personnage ; les jardins qu’il a aimés, les tapis où il s’est reposé, les décorations dont il a pris plaisir à embellir sa demeure, tout est enfermé, condamné à tomber lentement en poussière. Loti a dit, en des pages exquises, la mélancolie profonde de ces splendeurs à jamais ensevelies sous leur suaire de chaux blanche... 11 en est de tous les pays musulmans, il en est surtout du Maroc, comme de ces palais merveilleux que la volonté des hommes a rendus muets et déserts ; l’islam recouvre, sous un suaire d’inertie morale, de fatalisme et de dépravation, les vesti- lü