LA RÉVOLTE DU ROGUl 169 soulevei* la haine fanatique contre l’étranger. Les Brâber, s’ils détestent tout ce qui est chrétien, ne sont pas pour cela de très fervents musulmans ; n’entendant que la langue tamazirt, ils ne comprennent rien au Coran ni aux prières rituelles et ne connaissent que les pratiques extérieures du culte ; plus superstitieux que religieux, ils vénèrent les santons et les marabouts et leur accordent souvent une très grande influence temporelle. Vers l’est, le domaine des Brâber s’arrête aux crêtes du Moyen-Atlas ; s’ils descendent parfois jusque dans les steppes de la Moulouya, c’est pour y livrer des combats acharnés aux Oulad-el-Hadj, aux Oulad-Khaoua, aux Beni-Guil, tribus arabisées, toujours en guerre contre les tribus brâber. C’est parmi ces peuplades à demi sauvages que Bou-Hamara a recruté ses partisans ; excités par l’espoir du butin, plus encore que par l’amour de le bataille et la griserie de la poudre, les montagnards se sont levés à sa voix. A la guerre, ils sont redoutables par leur bravoure; mais, comme dans l’Europe du moyen âge, leurs guerres sont en général peu meurtrières; leurs expéditions sont courtes ; ce sont plutôt des razzias, des raids, que de véritables campagnes; vaincus, ils se fortifient dans leurs tirremt pour attendre une occasion plus propice. Le sort de la tentative du rival de Mouley-abd-el-Aziz dépendait du parti que prendraient les tribus brâber; qu’elles s’unissent toutes pour le suivre, et c’en serait fait du sultan; qu’au contraire elles se combattent les unes les autres, et l’usurpateur serait perdu. Le llogui a trouvé ses fidèles les plus nom-