26 INTRODUCTION terre de sa future expansion : « L’Afrique du Nord revient à JTtalie », écrivait, dès 1838, Mazzinii. Créer, dans la Méditerranée, une rivale de la puissance française, ce fut, pour la Grande-Bretagne, la raison de ses constantes faveurs à l’Italie naissante. « L’Angleterre n’a encore rien fait pour l’Italie, écrivait Cavour à William de la Rive, quelques mois après Solférino : c’est à son tour maintenant2.» Les bons offices du cabinet anglais aidèrent, en effet, Cavour à substituer l’unité centraliste à la constitution fédérative d’abord voulue par Napoléon III et à créer, en Italie, « sans dépenser un homme ni un shilling », une puissance capable de contrecarrer la politique française et de devenir le soldat méditerranéen de la Grande-Bretagne. « Il ne faut pas oublier, écrivait M. de Stockmar au prince Albert, que le devoir d’un homme d’Etat anglais est toujours de rendre l’Italie forte contre la France 3. » Cette rivalité de l’Italie et de la France dans la Méditerranée occidentale, dont la nécessité n’avait pas échappé aux hommes d’Etat anglais, Bismarck, lui aussi, l’avait aperçue avant même que l’unité fût achevée. En 1866, il écrivait à Mazzini : « L’Italie et la France ne peuvent s’associer pour leur avantage commun dans la Méditerranée ; cette mer est un héritage impossible à diviser entre parents. 1. Cité par Auguste Brachet, dans sa brochure qui renferme de si intéressants documents : l'Italie qu'on voit et l’Italie qu'on ne voit pas ( Marpon et Flammarion, 1883, broch. in-12, p. 156). 2. W. de la Rive, Cavour, p. 403. 3. Brachet, ouv. cité, p. 128.