l’entente franco-italienne
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nées par les intérêts, subsistent; il n’y a pas « renversement des alliances» ; l’accord anglo-italien, comme la triple alliance, a perdu sa pointe agressive, mais il reste un moyen de garantir le statu quo et l’équilibre dans la Méditerranée et d’y lutter, au besoin, contre l’hégémonie française.
IX
  Ce sont, nous l’avons vu, des intérêts matériels de premier ordre qui ont déterminé l’orientation nouvelle de la politique italienne et le « rapprochement » avec la France ; mais nous n’avons pas trouvé les avantages compensateurs que l’Italie offre à notre pays pour prix d’une amitié dont il lui a déjà, sans être payé de retour, donné, au cours dudernier siècle, tant de preuves et de si efficaces. La méthode de Crispi est abandonnée, mais c’est à l’Italie elle-même, plus qu’à nous, qu’elle avait été néfaste. Si un rapprochement franco-italien était susceptible de donner, à des hommes d’Etat positifs, l’occasion d’obtenir, pour la France, des avantages effectifs, il ne s’ensuivait pas que l’amitié italienne dût peser sur toute notre politique jusqu’à en devenir la pensée régulatrice et, pour ainsi dire, le leitmotiv. Pour comprendre toute la faveur dont une entente étroite avec la monarchie italienne est l’objet parmi les hommes qui dirigent aujourd’hui la République française, c’est ailleurs que dans le domaine de nos intérêts extérieurs qu’il en faut chercher les raisons. Le nouveau « connubio » est, pour l’un des conjoints, un mariage de raison, pour l’autre un ma-