426 LE MAROC un grand d’Espagne à Meknoz pour obtenir du chérif qu’il n’inquiétât.pas les1galions chargés d'or et d’épices, à leur retour des Amériques! Chaque fois que l’idée de la croisade nationale, profondément enracinée dans l’âme du peuple espagnol, sembla réapparaître, des querelles européennes vinrent distraire l’attention de l’Espagne et paralyser son effort. Mais, des luttes d'autrefois, les Espagnols ont gardé quelques postes fortifiés sur les côtes du Maghreb : Ceuta et les Presidios, qu’ils regardent comme les têtes de pont qui leur permettront, un jour, de reprendre la guerre sainte contre l’islam. Les hommes qui ont eu le sens de la tradition nationale, un penseur comme Donoso Cortés, des généraux comme O’Donnell et Prim, ont tenté d’orienter l’Espagne vers cette politique. O’Donnell, en 1859, a réalisé un moment la réconciliation de tous les partis dans un même sentiment patriotique, quand il a conduit la grande expédition qui s’empara de Tetuan; il se produisit alors une explosion du sentiment national, qui montra combien est populaire encore la guerre contre l’ennemi héréditaire. Depuis la perte des colonies surtout, des hommes d’Elat, des publicistes, des géographes, ont tenté de répandre cette idée que l’activité nationale, délivrée du poids mort des Antilles et des Philippines, doit se porter vers le Maroc 1 ; ils 1. Voyez : Intereses de España en Marruecos, discours prononcés par M. don Francisco Coello, don Joaquín Costa, don Gabriel Rodríguez, don Gumerzíndo de Azcarate, don Eduardo Saavedra, don José de Carvajal, dans un meeting organisé au théâtre del’Al-hambra, le 30 mars 1884, par la Société espagnole des africanistes