324 LA TRIPOLITAINE prise. C’est sans doute assez pour qu’il ne semble pas, dans les circonstances actuelles, que l’Italie soit à la veille de rompre la paix, en portant le premier coup à l’édifice encore solide de l’empire ottoman et en débarquant ses troupes sur les côtes des Syrtes. Le gouvernement du roi Victor-Emmanuel, qui vient de signer un nouveau bail avec la triple alliance, ne semble cependant avoir rencontré auprès de ses associés, comme auprès de la Grande-Bretagne, ni un encouragement ni un appui dans ses velléités d’intervention en Tripoli taine. Toucher à une province de l’empire turc, fût-elle africaine, c’est entamer l’intégrité des Etats du sultan et, tout de suite, le fantôme de la question d’Orient s’est dressé devant l’Europe d’autant plus alarmée que les troubles de Macédoine et l’agitation de l’Albanie semblaient indiquer que l’incendie, s’il venait à s’allumer, ne tarderait pas à devenir général. L’empereur allemand qui s’est révélé, pour le sultan Abdul-Hamid, le plus attentionné et le moins désintéressé des amis, dut sans doute faire entendre à son allié d’Italie qu’il n’est jamais permis de toucher à l’empire turc sans alarmer le concert européen et que, s’il est entendu que la Tripolitaine doit lui échoir quelque jour, il se montrera sage en ne cherchant pasà prendre, par laforce, des avancements d’hoirie. L’Angleterre manifesta plus ouvertement encore son déplaisir : dans les derniers jours de janvier 1902, deux croiseurs anglais de Malte, la Surprise et le 7'heseus, vinrent mouiller devant Tripoli et montrer le pavillon britannique ;