LA VIE RELIGIEUSE, POLITIQUE, SOCIALE 107 ils ont conduit les négociations et aplani les difficultés avec la France et avec l’Espagne. Mais ensuite l’ancien favori, appuyé sur le « caïd » Mac-Lean, a reconquis la faveur du maître; c’est lui qui a dirigé le voyage à Rbâtetà Fez, la ville sainte, dont l’accueil est comme la consécration d’une autorité bien affermie. C’est là que le sultan séjourne actuellement, retenu qu’il est dans le nord par la révolte dont nous aurons à parler. Ainsi, tantôt le gouvernement central, au Maghreb, paraît se fortifier et s’organiser comme sous Mouley-el-Hassan ou au début du règne de Mouley-abd-el-Aziz, tantôt au contraire le particularisme des tribus se réveille; des insurrections réduisent le domaine soumis au sultan et font avorter toutes les tentatives de réforme ou d’organisation. Ces alternatives de succès et de revers, de puissance et de faiblesse, ces changements de dynastie et ces rivalités de princes, c’est, depuis des siècles, l’histoire intérieure du Maroc. Mais ces changements peuvent modifier quelque peu la physionomie extérieure du Maghreb-el-Aksa, ils n'altèrent pas sa constitution organique. C’est de l’état social et de l’état religieux des peuples que découle leur organisation politique, et le sultan lui-même, à supposer qu’il le voulût, qu’il pût même en concevoir l’idée, serait impuissant à réformer l’un ou l’autre; il se heurterait invinciblement aux résistances de la vieille race berbère, si attachée à ses coutumes et à ses traditions ; il susciterait une de ces formidables révolutions, fréquentes dans l’histoire marocaine, qui empor-