74 INTRODUCTION riage d’inclination. A l’évolution de notre politique étrangère vers une entente de plus en plus intime avec l’Italie, correspond une évolution dans notre politique intérieure : l’une s’explique pàr l’autre. A la faveur de nos discordes civiles, les doctrinaires du radicalisme se sont installés au pouvoir et ils y ont apporté avec eux toutes les utopies humanitaires, qui, dès avant 1870, avaient cours dans les « congrès de la paix », et que, plus tard, Jules Ferry, qui en avait mesuré la vanité, repoussait et qualifiait dédaigneusement de « métaphysique politique 1 ». Dès lors, l’entente avec l’Italie cessa d’être considérée uniquement en fonction de nos intérêts politiques et économiques ; elle devint l’un des articles fondamentaux du programme jacobin ; notre politique étrangère ne s’inspira plus seulement du bien du pays, elle dut s’accommoder aux doctrines de la philosophie parlementaire. Déjà, en 1883, la revue les États-Unis d’Europe avait proclamé, à propos de l’opposition des radicaux à la politique coloniale de Jules Ferry, que « la politique dont M. Clemenceau s’est fait l’interprète, est la vraie politique républicaine2 ». Cette opinion, qui était alors celle de quelques isolés, semble être devenue celle des groupes dominants du Parlement français et du gouvernement lui-même; elle impose au ministère des atfaires étrangères une politique de collaboration 1. Séance dn 28 juillet 1885 (Voyez Discours et opinions, p. 209-211). 2. Les États-Unis d’Europe (8 août 1885).