138 LE MAROC mésintelligence, troubla les bonnes relations des deux pays 1. Le gouvernement de l'Algérie, d’une part, les rapports entre la France et le Maroc, de l’autre, ont, jusqu’à ces derniers temps, constitué, pour ainsi dire, deux compartiments séparés de notre politique, si bien que, trop souvent, il n’y a eu ni entente entre les ministères intéressés, ni coordination des mouvements entre notre action diplomatique à Tanger et notre action militaire et administrative en Algérie. Notre présence en Oranie, au lieu d’être, pour nos représentants au Maroc, une cause unique de force et un moyen de parler haut, n’a été, souvent, qu’une source de stériles discussions et de misérables chicanes. En outre, la conférence de Madrid, réunie en 1880 pour réglementer le droit de « protection », eut pour conséquence pratique de mettre fin à la situation privilégiée dont nous jouissions encore au Maroc. Depuis lors, nos efforts n’ont pu parvenir à donner sans conteste, à la France, la première place, que sa qualité de puissance africaine et de puissance musulmane aurait dû lui assurer depuis longtemps. Nous avons, depuis deux ans, abandonné les fâcheux errements d’autrefois; souhaitons que ce soit pour n’y plus revenir! Malgré cette incohérence de notre politique africaine, la force des choses a travaillé pour nous ; de fréquents rapports de voisinage se sont établis entra l’Algérie et le Maroc. En 4884, M. Ordega, notre ministre à Tanger, a accordé la 1. Voyez ci-dessons le chapitre iv.