BIZERTE 381 Il est, en outre, indispensable que le ministère de la guerre et les gouvernements d’Algérie ou de Tunisie se préoccupent de doter l’Afrique du Nord d’une fabrique de poudre et d’explosifs, d’une fonderie de canons et d’une manufacture d’armes. Ainsi, par sa situation, Bizerte est destinée à être à la fois le grand port militaire de la Méditerranée française, le Toulon de l’Algérie-Tunisie et une citadelle de la « plus grande France ». Elle symbolise le double caractère de nos possessions de l’Afrique du Nord : elles ont leur individualité propre, elles sont l’Algérie et la Tunisie, mais elles sont aussi, et avant tout, des parties de « l’empire français » ; elles ont leur rôle et leur place dans le plan général de notre politique, elles contribuent pour leur part à la grandeur présente de la mère patrie et elles travaillent à lui préparer un avenir de puissance, de prospérité et de gloire. Si d’aventure l’on était tenté de nous accuser, au retour de cette visite à Bizerte, d’avoir vu trop grand, c’est encore à la ville nouvelle, à son lac, à son arsenal que nous irions demander notre excuse. Comment ne pas concevoir de vastes espérances, comment ne pas vibrer d’une émotion intense, en présence de cette œuvre française qui est venue compléter l’œuvre grandiose de la nature elle-même, et dont la conception si nette et l’exécution si rapide attestent, avec tant d’éclat, la de paix et do tranquillité dans la Méditerranée, garantie des possessions françaises dans l’Afrique du Nord ». (Toast de M. Pi-chon, 21 juillet 1902.)