BIZERTE 343 portance internationale du canal sicilien-africain n’a fait que s’accroître. Trois grandes puissances navales surveillent le seuil des deux bassins de la Méditerranée. L’Italie, à Messine, tient l’une des portes ; l’Angleterre, à Malte, les observe l’une et l’autre ; et la France achève de faire de Bizerte un port et un camp retranché. II Le 23 avril 1887, une embarcation promenait, sur le lac de Bizerte, Jules Ferry... Saisi d’admiration à la vue de la nappe d’eau immense, l’esprit assailli par une foule de souvenirs et de pensées d’avenir, il s’écriait : « Ce lac, à lui seul, vaut la possession de la Tunisie tout entière; oui, Messieurs, si j’ai pris la Tunisie c’est pour avoir Bizerte l. » Visible môme sur des cartes à faible échelle, le lac de Bizerte a eu, avant même l’établissement du Protectorat, les faveurs du public français ; aussitôt après les événements de 1881, l’opinion et la presse, frappées des avantages de la position de notre nouvelle conquête, ne cessèrent plus de demander que l’on fît de Bizerte « notre Toulon africain ». Mais, longtemps, des raisons d’ordre diplomatique s’y opposèrent. La mainmise de la France sur la Tunisie avait 1. C’est en rappelant ces paroles significatives de Jules Ferry, que le général Marmier commençait, le 25 juillet 1902, son discours, en recevant, à Bizerte, l’amiral Gervais. — Sur le rôle de Ferry dans l’affaire de Tunisie, voyez Discours et opinions (surtout la Préface à la lunisie de Narcisse Faucon, au tome V). Cf. le récent ouvrage d® M. A. Rambaud : Jules Ferry (Pion, in-8).