282 LA QUESTION DU MAROC L’organisation et la pacification des marches de l’Algérie, du côté du Maroc, ne sauraient être l’œuvre d'un jour ; la patience est la vertu qu’il faut souhaiter à ceux qui, avec un dévouement dont il convient de leur être reconnaissant, se vouent à cette tâche ingrate. Au bord de la mer ou dansles déserts de sable, ce n’est qu’au prix de longs efforts que l’on parvient à dompter l’envahissante mobilité des dunes ; ce n’est pas non plus en un jour, — fût-ce un jour de bombardement ! — ce n’est pas même en un an que nous réussirons h mettre de l’ordre dans les tribus de la frontière, à ramener tous les dissidents, à régulariser les courses des nomades, à tarir les sources d’où s’élancent, pour le pillage, les djich et les rezzon, et à faire, de ceux qui détroussaient les convois, ceux qui les défendront. N’espérons même pas détruire les derniers pillards : si loin que nous les pourchassions dans l’ouest, en vertu du droit de suite, nous n’irons jamais assez avant, tant que nous ne nous servirons pas de l’autorité du sultan, pour qu’ils ne puissent s’abriter derrière ce qui restera du Maroc indépendant ; quand les Doui-Menia et les Oulad-Djerir auront tous accepté la domination française, quand les brigands de la veille seront devenus les gendarmes du lendemain, nous nous trouverons en contact avec les Beni-Guil et les Amour, et, plus loin, avec les hommes du Tafi-lelt et, par delà les cimes neigeuses de l’Atlas, avec ces nombreuses tribus berbères qui n’ont jamais subi aucun joug et d’où partent ces redoutables harka dont l’attaque a été parfois si meurtrière à nos postes ; toujours, à la périphérie de