l’entente franco-italienne 17 sait, dans la Méditerranée, un office très efficace de police; elle eut des flottes pour donner la chasse aux pirates barbaresques et bombarder leurs ports; elle eut des « Pères de la Merci » pour racheter les captifs dans les bagnes d’Alger ou de Tunis. Le commerce de nos ports se développait à la faveur de nos bons rapports avec le Turc ; le régime des «capitulations » protégeait nos nationaux dans les Echelles du Levant1. Ainsi, de l’amitié du Turc et de la confiance du chrétien, la France avait acquis, dans toute la Méditerranée, un renom et une puissance incomparables; sans qu’elle occupât un pouce de territoire en dehors de son sol national, elle avait fait vraiment, de la Méditerranée, selon le mot de Napoléon Ier, un lac français. La politique de l’ancienne monarchie, dans la Méditerranée, était toute de protection, d’influence et de commerce ; elle s’exerçait surtout avec activité dans le bassin oriental. Puissance plus morale que matérielle, elle ne songeait point à des conquêtes qui eussent rompu sa bonne entente avec le sultan, et, si elle réprimait les audaces des corsaires, elle ne s’emparait point de leurs repaires et ne songeait pas à une occupation des côtes africaines ou asiatiques, encore moins à une « pénétration ». Mais, en 1830, les temps et les circonstances étaient changés. La vieille monarchie, au moment de disparaître, accomplit, en s’emparant d’Alger, l’acte décisif qui allait modi- 1. Voyez, sur ce point, le Régime des capitulations, par Un ancien diplomate (Pion, 1898, in-8). S