ET LES PUISSANCES EUROPÉENNES 143 politique, mais il est certain qu'elles y contribuent largement. Nous n’avons pas ici pour but d’indiquer les nombreux moyens d’accroître les échanges de la France et de l’Algérie avec le Maroc ; mais le sens général de notre action, tant politique que commerciale et religieuse, est facile à résumer d’un mot : elle doit être algérienne. C’est le fait de posséder, et d’être seuls à posséder, aux portes du Maroc, un empire chaque jour plus florissant et où vivent près de 500 000 Français, qui donne à la France, vis-à-vis du Maroc, une sitüation sans seconde ; c’est de cet avantage que nous devons tirer parti pour devancer nos rivaux. Peser de tout le poids de la puissance algérienne sur le Maghreb-el-Aksa, appuyer pour ne pas avoir un jour à frapper; exercer pacifiquement une influence telle qu’elle obligera le Maghzen à entrer dans des voies nouvelles et qu’elle équivaudra, en fin de compte, à un protectorat, voilà, en deux mots, le programme que nous imposent notre situation et les circonstances. La France ne cherche pas à brusquer les événements : elle est disposée à respecter tous les droits légitimes. Elle ignore si la transformation du Maroc s’opérera lentement, par l’efFet d’une pression extérieure continue, ou si une crise violente viendra l’obliger à intervenir. Mais il est nécessaire de prouver, par l’activité de notre politique, que la France est et restera à tout prix dominante dans cette Afrique du Nord, où il n’y a pas place pour plusieurs grandes puissances, et d’affirmer qu’elle considérerait comme un acte