300 LA TRIPOLITAINE les procédés rudimentaires des indigènes, il donne des rendements supérieurs à ceux de nos campagnes. Les pâturages nourrissent des troupeaux nombreux, mais, faute de soins, les races sont dégénérées •, les bœufs sont petits, les chevaux manquent de finesse et d’élégance. L’olivier sauvage pousse partout, sur les coteaux, en dépit de la dent des chèvres. Des forêts de thuyas, de pistachiers, de cyprès, s’étagent sur les collines les plus hautes, et les lauriers-roses tapissent le fond des ravins et des ouadi. Ainsi, un climat doux et tempéré, malgré le ghebli qui souffle de temps à autre et qui apporte l’haleine brûlante du désert ; une atmosphère salubre, malgré la malaria qui sévit dans quelques plaines mal drainées : telle est la Cyrénaïque ; de toutes les parties de la Tripolitaine soumises à l’empire ottoman, elle est la seule où puisse prospérer une population européenne. Elle retrouvera sans doute un jour la prospérité qu’elle connut dans l’antiquité, mais, pour le moment, elle est à peine habitée: un vali turc, secondé par cinq caïmacanset gardé par quelques bataillons, est chargé, nous dirions de l’administration, si le mot n’était pas trop ambitieux quand il s’agit du gouvernement turc. L'influence politique et religieuse appartient surtout aux Senoussites ; presque tous les habitants sont affiliés à la secte et obéissent aux mots d’ordre transmis, du fond du Ouadaï, parleMabdi vénéré. Le commerce de Benghazi est très faible ; elle chargé de sels de fer recouvre le sol, lui dorme une teinte rougeâtre, et augmente sa fertilité.