l’entente franco-italienne 63 et s’efforçait de la provoquer, sont passés : ce n’est plus par une guerre avec la France que l’Italie espère s’agrandir. L’expansion dans la Méditerranée et en Orient est devenue l’article essentiel de son programme politique et, pour l’exécuter, elle a besoin d’entretenir de bonnes relations avec l’Allemagne d’une part, et, en même temps, avec la Russie et la France. A l'encontre de sa politique balkanique et orientale, c’est surtout, en effet, l’Autriche-Hongrie qui lui apparaît comme l’obstacle possible ; la politique yougoslave, où l’Italie travaille à s’immiscer et dont Cettigne est le centre, implique un rapprochement entre la Serbie et la Russie ; elle coupe la route de l’Autriche vers Salonique, elle tend à l’exclure de l’Albanie et à lui fermer le débouché de l’Adriatique; elle est donc nettement antiautrichienne et par conséquent de nature à détruire la triple alliance; l’Italie a donc besoin de trouver, en dehors de la triple alliance, un appui européen, et elle ne peut le chercher que dans les deux nations « amies et alliées », la Russie et la France. Quant à l’Angleterre, l’Italie ne cessera pas d’entretenir avec elle des rapports d’amitié qui sont le contrepoids du rapprochement avec la France; elle sait que l’Angleterre ne peut se passer d’elle et de ses ports pour ses flottes de la Méditerranée, mais, du moment qu’elle renonçait à sa politique de conquête dans la mer Rouge et qu’elle acceptait en Tunisie le fait accompli, ce n’était plus de l’Angleterre qu’elle avait besoin, pour la réalisation de ses projets en Tripolitaine et en Orient, mais de la France.