420 MALTE l’histoire, La Valette est la ville des chevaliers. Avant-garde de la chrétienté en face de l’islam, ils ont multiplié, autour de la ville et des faubourgs, les lignes de fortifications. Le calcaire de l’île, très tendre, facile à tailler à la hache, à diviser en blocs énormes, se prêtait à cette incroyable prodigalité d’ouvrages défensifs qui donne à La Valette un cachet si particulier ¡ doubles et triples enceintes, fossés d’une profondeur effrayante, taillés verticalement dans le roc, courtines criblées de meurtrières, tourelles de guet suspendues au-dessus des flots, bastions énormes que flanquent d’autres bastions et que précèdent d’autres ouvrages de toute forme et de toute époque, c’est une véritable débauche de défenses, un musée de poliorcétique ancienne où les officiers du génie venaient autrefois étudier des types rares ou uniques. Les canons anciens, ceux qui ont menacé Bonaparte et tenu tête aux Anglais, ont été retirés des remparts qu’ils hérissaient d’une triple rangée de bouches à feu, mais l’aspect de la ville est encore si imposant que l’on comprend l'étonne-ment des soldats français d’y être entrés si facile ment, et le mot de Caffarelli : « Il est bien heureux, disait-il, qu’il se soit trouvé dans la ville quelqu’un pour nous ouvrir les portes. » A la cathédrale de San-Giovanni, c’est encore la gloire de l'Ordre qui resplendit ; La Valette, en 1576, a élevé l’église dans le goût du temps : trop dorée, trop chargée de peintures et d’ornements rococo, elle manifeste bien, par scs défauts mêmes et par la richesse exubérante de sa décoration, la puissance et la magnificence des cheva-