358 BIZERTE nouvelle Bizerte s’y est élevée. Du premier coup, elle a voulu être une grande ville et elle s’est préparée à devenir le centre de la domination française en Tunisie. Les terrains nouvellement nivelés ont été régulièrement divisés, allotis, mis en vente ou attribués aux divers services publics de la ville. Au milieu du vaste quadrilatère, un lot a été aménagé en un jardin, d’où partent en diagonale quatre avenues. Malheureusement, une partie des terrains sont encore vides; des îlots de maisons, répandus çà et là, sporadiquement, ne sont pas encore parvenus à se rejoindre. Bizerte, quelque peu déçue, oublie peu à peu ses ambitions, peut-être trop vastes, des premières années, quand elle montrait, parmi ses terrains vagues, l’emplacement du futur palais du bey, de la résidence générale, de l’hôtel du commandant de la division d’occupation. A coup sûr, si les Français étaient arrivés, comme autrefois Didon, dans un pays sans villes ni ports, c’est à Bizerte, et non à Tunis, qu’ils auraient fondé leur colonie principale. Mais, Tunis existant, il n’était ni possible, ni souhaitable de la transporter, d’un coup de baguette, à Bizerte : il fallait se contenter de faire jaillir du sol une ville nouvelle. De toutes parts les constructions neuves s’élèvent : ici, c’est un grand hôtel, là une belle église qui remplace la petite paroisse ancienne, blottie au milieu des masures arabes près des murailles de la vieille cité; un théâtre a été ouvert, pour égayer une garnison campée sous la tente ou dans des baraquements; des casernes sont presque achevées. Mais il n’est pas rare encore, à côté de ces édifices tout neufs,